Quelques idées reçues sur l'Economie

Introduction
Idées reçues Quelques remarques...

Conclusion (en forme d'avis personnel)

Introduction

Cette page part du constat que certaines affirmations relatives à l'Economie sont largement présentées par bon nombre de personnes publiques et de médias comme allant de soi, voire comme étant des lois naturelles, alors qu'il s'agit d'opinions ou de choix.

Le but de cette page n'est ni de faire un cours d'Economie, ni d'apporter des arguments pour ou contre ces choix.

Il s'agit simplement de montrer que certaines affirmations ne résultent pas de lois incontournables comme en physique, mais de choix qui sont hors du domaine de l'Economie (moraux, politiques, sociologiques, ...).
Il s'agit aussi de montrer que toute personne peut (et doit, dans une démocratie) avoir des avis et des choix sur cette question, que cela conditionne la vie quotidienne de chacun.
Si on ignore qu'il existe plusieurs voies, on ne fait pas un choix : on se soumet (et ce n'est plus une démocratie).

Cette page reprend des affirmations souvent présentées comme indiscutables et montre pour chacune qu'en réalité les choses sont loin d'être aussi claires, ou que d'autres choix sont envisageables.
Cette page est vouée à être enrichie par d'autres questions, à être améliorée dans sa présentation (trop austère pour le moment à mon goût), mais elle ne sera jamais exhaustive ; son seul but est de montrer que comme dans bien des domaines, on peut ne pas être un spécialiste, mais avoir un avis très pertinent sur la direction à suivre.

Je la souhaite aussi claire que possible pour toute personne n'ayant aucune connaissance en Economie : votre avis et vos conseils de lecteur (trice) sont les bienvenus ...
Certains exemples se réfèrent à la situation de la France, qui est celle que je connais le mieux, mais vous devriez pouvoir la transposer aux conditions de votre pays.

L'Economie ne s'intéresse qu'à la circulation d'argent

Ca commence mal !
Eh oui, les économistes ne sont pas d'accord sur le champ que couvre l'Economie.
En gros, chacun s'accorde à dire que l'Economie traite de l'échange des biens et des services entre les personnes, mais :

  1. Pour certains, seuls les échanges marchands (donc avec paiement sous forme monétaire) sont à prendre en compte.
  2. Pour les autres, l'Economie s'intéresse à la circulation des biens et de services, qu'ils soient monnayés ou non.

Prenons un exemple pour montrer ce que cela implique :

Une famille décide de construire sa maison : elle achète les matériaux, mais effectue elle-même tous les travaux.
Pour les deux types d'économistes, les matériaux en eux-même constituent une création de richesse, car ils ont été payés.

Mais pour les économistes de type 1, la maison n'existe pas (au sens économique) car la main d'oeuvre n'ayant pas été facturée, il n'y a eu aucune circulation d'argent : cette maison n'est donc pas une richesse créée.
Si cette maison avait été construite par une entreprise, puis facturée et payée, il y aurait une création de richesse.

Pour les économistes de type 2, la richesse créée est la même dans les 2 cas, puisqu'un nouveau bien a été créé.

La définition de l'économiste de type 1 est celle qui est utilisée dans la quasi totalité des médias, des entreprises et des organismes internationaux aujourd'hui.
Sans être spécialiste d'Economie, on sent bien que ce choix va avoir une incidence importante sur la manière dont on percevra le bon ou mauvais fonctionnement de l'Economie ... et donc des actions qui seront engagées par une personne disposant d'un pouvoir.

L'Economie est une affaire de spécialistes, qui fait intervenir des calculs compliqués

On pourrait dire la même chose, par exemple, d'une maison : pour la concevoir il faut faire de nombreux calculs, parfois très compliqués, et sa réalisation nécessite des connaissances dans de multiples domaines (thermique, plomberie, électricité, ...).

Mais si vous décidez de vous faire construire une maison, vous direz à l'architecte que vous préférez, par exemple, une maison de plain-pied, avec une grande baie vitrée, orientée à l'ouest, ... Peut-être que ce que vous voudrez sera irréalisable ou très coûteux : il y aura alors une discussion pour trouver un compromis, mais vous exprimerez vos préférences à chaque étape de la discussion.

De la même façon, la mise en œuvre de choix économiques nécessite l'intervention de spécialistes, mais cela n'empêche pas quiconque d'exprimer ses choix ... encore faut-il savoir que des choix sont possibles.

Aujourd'hui, le discours économique dans les médias est à peu près celui de l'architecte qui dirait « Il n'est pas possible de construire autre chose qu'une maison de 3 pièces orientée au nord, croyez-moi c'est ma spécialité, et c'est trop compliqué pour que je vous explique ; mais vous pouvez choisir la couleur des revêtements intérieurs ».

Et si vous insistez, le « spécialiste » se lance dans un discours utilisant son jargon (résistance des matériaux, échanges thermiques, ... pour l'architecte - taux directeur, base monétaire, ... pour l'économiste). Lorsque vous ne voulez pas que quelqu'un mette son nez dans vos affaires, il suffit d'utiliser un langage qu'il ne connaît pas ...

L'Economie repose sur des lois admises par la majorité des spécialistes

C'est faux, et c'est d'ailleurs le propos essentiel de cette page web.

Le choix d'un système économique dépend d'un choix de Société, qui est propre à chacun.

Voici 2 questions fondamentales (parmi bien d'autres) qui vont orienter le choix d'un système économique :

On voit bien que la réponse à chacune de ces questions dépend de la manière dont on conçoit les rapports entre les personnes et les groupes sociaux (« Chacun pour soi, et que le meilleur gagne » ou au contraire « On ne peut progresser qu'ensemble », entre autre), et n'a donc rien d'objectif.

Croissance et progrès, c'est la même chose

Les deux notions n'ont aucun rapport.

Rappel : la croissance (au sens économique) est l'augmentation du P.I.B. d'une période à l'autre.

P.I.B. (Produit Intérieur Brut) : pour un pays, c'est la différence entre la valeur marchande (factures) de tout ce qui a été produit dans le pays, et ce qui a été acheté pour réaliser cette production. On peut aussi dire que c'est la somme de toutes les valeurs ajoutées des entreprises situées dans le pays.

Par exemple : si on vend une voiture 10.100 €, mais qu'il a fallu acheter pour 100 € de pétrole pour la produire le P.I.B. va augmenter de 10.000 €.

Notons que les service de l'Etat (police, éducation, ...) sont considérés comme des produits dont la valeur est celle des salaires versés aux fonctionnaires.

Maintenant quelques exemples :

Si les prélèvements obligatoires baissent, j'aurai plus d'argent

Il n'est pas possible de dire si cette affirmation est vraie ou fausse sans avoir plus d'informations.

A quoi servent les prélèvements obligatoires ?

Les revenus de ces prélèvements vont servir principalement à :

  1. Financer des services publics

    Selon le cas, il s'agira de services fournis gratuitement (gouvernement, police, météo, enseignement, ...) ou à un tarif accessible au plus grand nombre (santé, crèches, bibliothèques, transport urbain, stade, ...).

    Le choix des services à financer est un choix de société : A quels services chacun a-t-il droit quelle que soit sa condition (financière, géographique, ...) ?

  2. Financer des investissements non rentables

    Il s'agit d'investissements dont la rentabilité financière est incertaine ou lointaine, comme la recherche ou la construction d'un équipement de ferroutage.

    Le choix des investissements à financer dépend là encore du choix de société qu'on fait pour l'avenir, des biens communs dont on veut se doter.

  3. Permettre ou favoriser le développement de certaines activités

    Il s'agit de compenser les pertes au démarrage de certaines activités, par exemple la production d'électricité à partir d'énergie solaire (par la suite, l'effet de volume fait baisser les coûts et l'activité devient rentable).

    Il peut s'agir aussi de créer l'infrastructure qui va permettre un développement homogène par la suite, par exemple la mise au point des standards d'internet ou la construction d'un immeuble voué à recevoir des commerces.

    Là encore, il s'agit de décider quelles activités on souhaite voir se développer assez vite, ou de façon homogène.

La manière dont sont effectués ces prélèvements va servir à :

  1. Inciter à la réduction de certaines activités

    Il s'agit de taxer certaines activités, de telle sorte qu'elle devienne non rentable et ainsi disparaisse progressivement ou que ceux la pratiquant soient incités à utiliser des solutions de substitution.

    Par exemple, une forte taxe sur un produit polluant peut inciter à chercher des solutions pour en réduire l'utilisation ou utiliser un produit de substitution.

    Là encore, il s'agit de choix qui n'ont rien d'économiques : quelles activités ou comportements souhaite-t-on réduire ? (car on considère que le bien-être en sera amélioré)

  2. Réduire les écarts de revenus

    On peut estimer normal que certaines personnes aient des revenus 1.000 fois plus élevés que d'autres, auquel cas on prélèvera un pourcentage identique pour chacune.

    Mais si on estime qu'un écart de 1.000 est trop important, on pourra prélever un pourcentage plus élevé sur les hauts revenus afin de réduire cet écart.

    Là encore, le choix n'est pas économique : c'est un choix de répartition entre les personnes.

Pour revenir à la question initiale, on voit donc que si on diminue les prélèvements obligatoires :

Une réduction des prélèvements obligatoires peut donc conduire à une baisse de pouvoir d'achat pour certaines personnes.

 

La concurrence fait baisser les prix

Cela peut être vrai dans une certaine mesure, mais c'est loin d'être toujours le cas !

Un contre-exemple caractéristique : les privatisations.

Dans de nombreux pays (notamment européens et américains), certains services publics qui étaient des monopoles d'Etat ont été privatisés (téléphone, électricité, poste, ...) : dans la quasi-totalité des cas, les tarifs ont augmenté de façon importante dans les années qui ont suivi la privatisation.

De plus, dans la plupart des cas cela a été assorti de réductions de personnel (donc chômage) et de baisse de qualité.

En quoi la concurrence peut-elle faire baisser les prix ?

Prenons un exemple :

  1. 1 ère période :

    Une entreprise A est la seule au monde à fabriquer des téléviseurs.

    Ses prix vont être calculés pour couvrir tous ses coûts, ses investissements, etc ... et aussi réaliser un certain profit.

    Du fait qu'elle est la seule à fournir des téléviseurs et que les consommateurs veulent toujours acheter des téléviseurs, l'entreprise A est assurée d'être toujours bénéficiaire : si ses coûts de fabrication augmentent, par exemple, il lui suffit d'augmenter ses prix de vente.

  2. 2 ème période

    Une deuxième entreprise B se lance dans la fabrication des téléviseurs.

    Elle utilise des techniques plus efficaces, ce qui lui permet de fabriquer les téléviseurs à un coût moins élevé, et donc de les vendre moins cher à qualité égale.

    Les consommateurs vont bien sûr avoir tendance à se tourner vers ce nouveau fournisseur, délaissant les téléviseurs de l'entreprise A.

    Mais l'entreprise A ne va pas rester sans réagir : elle va par exemple améliorer ses techniques pour faire baisser ses coûts de fabrication, et peut-être même faire mieux que l'entreprise B : du coup, les consommateurs vont revenir vers A.

    L'entreprise B va réagir à cela. Et ainsi de suite.

    Chacune entreprise va donc être incitée à réduire ses coûts pour faire moins cher que sa concurrente afin de ne pas perdre de ventes.

    Mais jusqu'où ira cette course ? ...

En quoi la concurrence peut-elle faire augmenter les prix ?

La publicité nous permet de payer certains services moins cher

La plupart des journaux sont vendus à un prix inférieur à leur prix de revient ; certains sont même « gratuits » ; il existe des fournisseurs d'accès à internet « gratuits » ; bon nombre de chaînes de TV commerciales sont (dit-on) « gratuites », etc. Dans ces cas, une grande partie ou la totalité de l'activité de l'entreprise concernée est financée par les annonceurs publicitaires.

Le journal qui vaudrait par exemple 5 € sans publicité ne vaut plus qu'1 € car un fabricant d'automobiles y dispose d'une page pour vanter les mérites de son dernier modèle.

Cette publicité va bien sûr être répercutée dans le prix des véhicules produits par l'annonceur, ce qui veut dire que l'acheteur d'une automobile va payer une partie du journal (et de l'accès internet, etc ...).

On peut faire cette remarque pour tous les produits qui incluent beaucoup de publicité ; finalement, lorsqu'on achète un produit ou un service on paie un tas d'autres choses qui n'ont rien à voir avec l'achat.

Quant au journal (la station de radio, la chaîne TV, ...) dont la survie dépend de ses annonceurs, on peut s'interroger sur son indépendance ...
A titre d'exemple, un petit calcul sur l'année 2006 (classeur Excel) qui montre la redevance réellement payée (en moyenne) par chaque foyer pour financer les moyens d'information ... largement supérieure à la redevance audiovisuelle officielle.

Pour créer de l'emploi, il faut créer du travail

Au premier abord, cela semble être une réflexion de bon sens. On se dit « L'entreprise X embauchera seulement si elle a besoin de produire plus », ce qui est vrai ... parce que les choix économiques nationaux, voire mondiaux, incitent à cette attitude.
Imaginons un exemple : le gouvernement d'une nation décide que la publicité doit disparaître (pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'Economie). Cela doit-il forcément mettre au chômage toutes les personnes qui travaillent dans la pub ?
Sans connaître ce milieu, on imagine qu'il y a différents métiers : des personnes ayant plutôt une envie d'imaginer, d'autres ayant une tendance à la rigueur, etc ... Il est probable que chacune de ces personnes soit « employable » et utile dans d'autres domaines (artistiques, scientifiques, techniques, ...) moyennant peut-être une formation appropriée. Bref, ces personnes peuvent probablement faire autre chose tout en restant en accord avec leur personnalité et leurs goûts.

Actuellement, lorsqu'on achète un produit ou un service, son prix inclut une part qui sert à payer la publicité.
Cette part permet de payer : Après suppression de la publicité, le pays en question peut décider, par exemple  :

Il s'agit là d'un schéma possible (il y en a d'autres) :

En fait, on a « partagé le travail dont la Société avait besoin ». Bien sûr, cela ne se fait pas en un claquement de doigts, mais on voit que la quantité de travail n'a rien à voir avec le nombre d'emplois.

La majeure partie des emplois est aujourd'hui créée dans le tertiaire (les services)

Il s'agit là d'une vision statique des chiffres : on regarde les chiffres sans se soucier de savoir de quoi ils sont faits.
Que le secteur tertiaire crée aujourd'hui plus d'emplois qu'il y a quelques décennies est probablement vrai, mais la plupart des emplois créés ont leur origine ailleurs.

Petit rappel :
On classe les entreprises en trois grands secteurs selon leur activité principale :

Si on examine les statistiques officielles, on constate que le nombre d'emplois dans le tertiaire augmente alors qu'il diminue ailleurs ... et en en conclut (hâtivement) que c'est le tertiaire qui crée des emplois.

Premier exemple :
Un fabricant d'automobiles (par exemple) dispose d'un service informatique ; les personnes qui en font partie sont donc affectées au secteur secondaire dans les statistiques.
S'il décide d'externaliser son informatique, ces personnes vont se retrouver dans le secteur tertiaire (dans une société de services en informatique) : dans le tertiaire, le nombre d'emplois a augmenté ; il a diminué dans le secondaire. Mais en réalité aucun emploi n'a été créé nulle part.
Deuxième exemple :
Actuellement, en France la sacoche d'un facteur de La Poste est constituée à plus de la moitié de publicités.
Imaginons qu'un gros client industriel de La Poste fasse faillite : plus de distribution de publicité pour ce cleint, donc moins de travail globalement. La Poste va avoir tendance à réduire le nombre de facteurs, donc le nombre d'emplois dans le tertiaire va diminuer ... mais l'origine est dans le secondaire.
Bien sûr, si ce client avait eu son propre service de distribution de publicité, c'est le secteur secondaire qui aurait été touché : aucune baisse d'emploi dans le tertiaire.

On voit donc que la plupart des emplois du tertiaire sont très dépendants des autres secteurs.

La retraite ne pourra être financée que si on y introduit de la capitalisation

Belle escroquerie que cette affirmation !

Le problème est connu : vers les années 2010 à 2040, il y aura une augmentation sensible du nombre de retraités par rapport au nombre de cotisants.

Petits rappels :

Dans tous les cas, en 2020 (par exemple) les retraites seront payées par les cotisants de 2020, que la retraite soit par répartition, capitalisation ou tout autre chose.

Personne ne paie sa propre retraite : en payant une cotisation, on donne une partie de son revenu aux retraités actuels, et en échange on acquiert un droit pour ses vieux jours (ce droit sera honoré par les générations futures).
Il en va de même lorsqu'on place de l'argent sur un compte épargne, par exemple : on renonce à un certain montant, et en échange on acquiert un droit pour le moment du retrait (où là d'autres devront renoncer, pour que le système fonctionne)

Dans bon nombre de pays, il n'existe pas de système de retraite : les actifs subviennent aux besoins de leurs parents et grand parents (et renoncent donc à une partie de leur revenu). Le système de retraite par répartition s'appuie sur le même principe, mais au niveau du pays, ce qui garantit des ressources aux anciens même si leur progéniture ne peut pas ou ne veut pas honorer cette solidarité.

Le fait d'utiliser un système par répartition ou par capitalisation ne sert qu'à définir comment s'effectue le partage des revenus :

Mais quel que soit le système, pour un certain niveau de retraites, il faudra toujours prélever cette somme sur les revenus des actifs (sous forme de cotisation prédéfinie ou de dividende).

Quelques remarques à propos des chiffres

On a souvent tendance à considérer qu'une affirmation qui s'appuie sur des chiffres est plus crédible que sans, ce qui n'est pas forcément le cas. En fait, la validité d'un chiffre dépend de la manière dont il a été obtenu ; de plus, il peut parfois y avoir diverses manières d'interpréter les mêmes chiffres.

Quelques exemples :

Les chiffres ne sont rien d'autre qu'un outil : si on les utilise mal, volontairement ou involontairement, ils sont plus nuisibles qu'utiles. Et parfois, ce n'est pas le bon outil. Donc « chiffre » ne veut pas dire « vrai ».

Quelques remarques à propos de l'avis des experts scientifiques

Il est fréquent sur certains sujets de faire appel à l'« avis des experts scientifiques », ce qui est tout à fait logique, mais on oublie aussi fréquemment qu'il ne s'agit que d'un avis et non d'une vérité.

Quelques remarques à propos des mots

On a pu voir tout au long de cette page que les choix économiques sont loin d'avoir un caractère objectif, mais qu'ils sont conditionnés par d'autres choix plus subjectifs, ce qui n'a rien de condamnable en soi ... à condition de ne pas essayer de faire croire le contraire.
L'un des moyens très couramment employé pour couper court à tout débat est de suggérer « Si vous pensez différemment, c'est que vous n'avez rien compris ». On part avec un handicap ...
Pour suggérer cela, certains mots ou expressions ont une connotation plutôt valorisante ou plutôt dévalorisante.
Selon l'époque, la panoplie des mots peut varier.

Quelques exemples (valables en 2003) :

moderne

Qui convient au temps présent - Mot valorisant
Dès que vous n'êtes pas d'accord avec ce qui est déclaré comme « moderne », vous devenez un ringard, voire un archaïque ... même si ce qui est déclaré « moderne » vous semble être une considérable régression.
Variantes : modernité, société moderne, actuel, réaliste

archaïsme Qui n'est plus en usage - Mot dévalorisant
Si vous y croyez, il est grand temps de vous remettre au goût du jour ... et de vous taire d'ici là.
Variantes : d'un autre temps, inadapté, dépassé, irréaliste
liberté

Pouvoir agir sans contrainte - Mot valorisant
Fréquemment utilisé pour « justifier » la suppression d'une règle qui protège les plus faibles.
Variantes : énergie, envol, fluidité

carcan Ce qui limite étroitement la liberté - Mot dévalorisant
l'inverse de « liberté »
Variantes : lourdeur, entrave
réforme Changement opéré en vue d'une amélioration - Mot valorisant
Est souvent utilisé pour qualifier un changement ... même s'il n'y a pas d'amélioration.
Variantes : aller de l'avant, progresser, changer, évoluer
immobilisme Opposition systématique à tout progrès - Mot dévalorisant
Utilisé pour critiquer ceux et celles qui s'opposent à une « réforme »
Variantes : idem archaïsme

Il existe de nombreux autres exemples (qu'on peut sans trop de difficulté détecter si on y prète attention) mais l'essentiel est de passer outre et de se faire une opinion sur les arguments concrets ... au-delà des mots.
Une phrase (imaginaire heureusement ... enfin, pour le moment) :
« Il y a aujourd'hui dans notre pays de formidables énergies qui ne demandent qu'à se libérer et qui ne peuvent pas le faire à cause de lois archaïques et poussiéreuse datant de de milliers d'années ; le monde change, et il est grand temps de nous y adapter ; d'autres pays l'ont compris, et des milliers d'entreprises de tueurs à gage ont vu le jour, augmentant considérablement la valeur créée et réduisant le chômage. Si ne nous ne voulons pas périr à cause de l'immobilisme d'une minorité, il faut rapidement engager les réformes nécessaires. »

Conclusion (personnelle)

La vraie conclusion, vous la définirez vous-même ...
Si j'ai fait cette page, c'est que je n'aime pas le mensonge sciemment organisé, surtout lorsqu'on retrouve le même discours économique chez des personnes censées avoir des visions différentes de la vie en société (les « mastodontes » de la droite et de la gauche française et la plupart des médias, pour être plus explicite).
La tendance actuelle du discours dominant est de placer l'Economie au-dessus de tout, alors que celle-ci ne devrait être, à mon avis, qu'un instrument (qu'il faut correctement utiliser, ce qui n'est pas facile).
Vous viendrait-il à l'idée de définir un itinéraire sans avoir choisi votre destination ?

Question :
Qu'est-ce qui vous importe : vous sentir bien dans votre vie, ou que le taux de croissance économique soit satisfaisant ?


Dernière mise à jour de cette page : 17/5/2009